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Parler Pour Survivre – 1er Série

2e Épisode: L’immersion à son Meilleur - Le Cri

Le programme d'immersion crie connaît un immense succès dans les écoles des communautés cries du nord du Québec. Retraçons l’histoire de cette réussite. Par des documents d’archives et des interviews, nous voyons que l’engagement et la persévérance ont été indispensables pour établir des programmes durables de revitalisation de la langue.

Historique

Les Cris de la Baie James font partie de la grande nation crie dont les communautés s’étendent au nord du Canada, d’un océan à l’autre. C’est pourquoi la langue crie et ses dialectes est la langue autochtone la plus utilisée d’Amérique du Nord.

Au XVIIIe siècle, de plus en plus d’explorateurs Français et Anglais cherchent à faire fortune avec, entre autre, la traite des fourrures. Les Cris s'adonnent donc, par le fait même, à de nouvelles formes d’activités économiques. Un siècle plus tard, des missionnaires catholiques et protestants initient les Cris au christianisme et créent l’écriture syllabique précisément pour leur enseigner la bible.

Etrangement, ni le christianisme ni la traite des fourrures n’a réellement menacé la langue crie. Les Cris étaient en fait encouragés à poursuivre leur mode de vie traditionnel et à parler leur langue.

Par ailleurs, le XXe siècle amène différents changements. L’industrialisation et la modernisation du sud ont des répercussions au nord. Le sud cherche de nouvelles ressources et explorent le nord de plus près. Des modifications du pouvoir politique sur les autochtones sont instituées. Ce nouveau contrôle du gouvernement a rapidement influencé les Cris et le déclin de la langue et de la culture s’est vite manifesté.

1ière Partie

Cet épisode met en lumière l’histoire contemporaine des Cris de la Baie James. Notre point de départ est l’application du système d’éducation fédéral imposé aux autochtones et son impact sur la langue. C'est en vertu d’un amendement à la Loi sur les Indiens autorisant le gouvernement fédéral à administrer l’éducation des autochtones, qu'on a vu apparaître des pensionnats au début du siècle.

Les enfants de la Baie James en âge de fréquenter l’école primaire, étaient emmenés à Fort George (aujourd’hui nommé Chisasibi) et y restaient pendant cinq ans. Puis, pour faire leurs études secondaires, ils n’avaient pas d’autres choix que de se rendre beaucoup plus au sud comme à Amos, au Québec ou à Sault-Sainte-Marie, en Ontario. En plus d’une qualité d’éducation de bas niveau, les pensionnats ont graduellement entraîné l’érosion de la langue crie. Ils ont aussi provoqué des répercussions négatives au point de vue psychologique, social et culturel sur toute une génération d’individus arrachés àleurs familles.

En 1975, les Cris et les Inuits du Québec signent l’Entente des Cris de la Baie James du Nord du Québec. C’est le premier traité signé entre le gouvernement du Québec et les Premières Nations. Cette entente donne aux Premières Nations un important pouvoir politique, économique et social.

Forts de ces acquis, c’est en 1978 que les Cris organisent leur propre système éducatif et fondent leur première commission scolaire. Celle-ci se voit dorénavant libre de baser ses programmes d’enseignement sur les intérêts linguistiques et culturels de la région. Plusieurs fois, au cours des années, la langue crie a été proposée comme langue d’enseignement, mais certains obstacles inattendus sont apparus. Le plus surprenant est l’objection des parents. Ceux-ci sont souvent inquiets à l'idée que leurs enfants pourraient avoir des lacunes en anglais ou en français. Ils pourraient donc se retrouver limités face à leurs études et à leur choix de carrière.

C'est ainsi que durant les années “80, l’usage de la langue crie demeure restreint. On l’utilise parfois à la maternelle, dans les cours d’éducation physique, de religion, de connaissances traditionnelles. Elle est aussi offerte comme cours optionnel.

A l’aide de documents d’archives et d’interviews, la première partie de l’émission est un survol de l’histoire du système scolaire cri. Nous y rencontrons les représentants de la langue crie qui nous parlent des diffucultés et des divergences d’oppinions auquels ils font face.

2e Partie

Au début des années 1990, un groupe de pression se forme à Chisasibi en vue d’implanter un programme d’immersion cri pour les premières années du primaire. C’est donc en 1992 qu’un projet pilote est mis sur pied dans les communautés de Chisasibi et Waskaganish. En 1994, la réussite du projet pilote marque le début du programme « C.L.I.P. » ou “Cree Language Immersion Program” (Programme d’Immersion Cri).

Nous faisons la connaissance de Gloria Diamond, 10 ans, une petite fille dynamique et bien occupée, qui vit à Waskaganish. Elle a terminé le programme C.L.I.P. avec succès. Nous l’accompagnons en classe, dans sa vie quotidienne avec ses amis et dans son contexte familial alors qu’elle écrit à ses grands-parents.

De même, nous assistons à la Conférence sur les langues qui s’est tenue à Montréal. Nous y sommes en compagnie de Luci Bobbish-Salt et de Daisy Bearskin-Herodier, deux farouches défenseurs du programme d’immersion.

Gardien de La Langue

Dès 1973, Annie Whiskeychan a commencé sa croisade pour sauvegarder la langue crie. Elle a elle-même conçu du matériel didactique pour enseigner la langue crie au primaire. L’ensemble de son œuvre est un peu l’ancêtre du C.L.I.P. Nous rendons hommage à cette grande pionnière.